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L'APRES TLT : LE CSA SOUHAITE UNE NOUVELLE TELE LOCALE A TOULOUSE AVANT L'ETE 2016

Le CSA souhaite une nouvelle télé locale à Toulouse avant l’été 2016

 

INFORMATION FRANCE 3 MIDI-PYRENEES –  Après la liquidation judiciaire et la disparition de Télé Toulouse (TLT), Nicolas About, l’un des 8 membres du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (présidé par Olivier Schrameck), a accepté de répondre à nos questions.

C’est lui qui suit les dossiers des chaînes locales au CSA. Il tire les enseignements de la disparition de TLT et indique vouloir lancer l’appel d’offres pour la fréquence hertzienne numérique « avant Noël » pour l’installation d’une nouvelle télé locale « avant l’été 2016« .

Il dresse également le portrait-robot de cette future chaîne toulousaine (et régionale) : actionnariat, financement par collectivités territoriales, partenariat pour les programmes, etc.

La régie de TLT (copyright TLT)

La régie de TLT (copyright TLT)

France 3 Midi-Pyrénées : que vous inspire la disparition de TLT ?

Nicolas About : La fin d’une télé locale c’est toujours un peu triste. C’est d’abord un problème humain. C’est souvent la preuve que des secteurs ont failli, que des gens ont été peut-être abandonnés… Les responsabilités sont complexes. Il y en a des historiques : c’est la plus vieille télévision donc elle avait été conçue sur un modèle peut-être trop ambitieux, dans le passé, c’est le problème des premières télévisions locales qui se voulaient être des petits France 3 et on s’est aperçu très vite qu’on pouvait faire des économies d’échelle, que l’on pouvait grâce à du matériel plus récent mutualiser les tâches, qu’on pouvait faire la même chose pour moins cher, que plutôt que d’avoir 25 ou 30 personnes il fallait se situer en-dessous d’une vingtaine de salariés, qu’il fallait s’appuyer sur une zone économique solide et avoir une couverture de population suffisante et dans les années 2010-2011 on a vite vu qu’il fallait le soutien des collectivités territoriales, mais qu’il ne soit pas exclusif. Le jour où les élus se retirent, pour des raisons politiques ou économiques, les télévisions s’effondrent. 

Dans le cas de TLT, la ville, par l’intermédiaire de la société économie mixte CTV était devenu au fil des années actionnaire principal. C’est un vrai problème ?

Ce que nous privilégions nous, c’est de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. On n’est pas la télévision d’un maire, d’un conseil départemental ou d’un conseil régional. On est une télévision qui peut se voir déléguer le soin de réaliser des programmes mettant en valeur le territoire local, sa culture, sa vie associative, ses grands projets, son développement local… Mais tout cela doit se traduire par le financement de plusieurs collectivités territoriales, afin de maintenir la liberté éditoriale de la chaîne, le respect du pluralisme politique et sans jamais, selon moi, dépasser les 50 % du budget de la télévision locale qui doit trouver le reste de son financement à travers d’autres ressources. C’est une condition du caractère durable de la chaîne et de son pluralisme.

Sans le règlement de sa dette ancienne, TLT ne pouvait pas s’en sortir »

Dans le dossier TLT, on pouvait pressentir les difficultés, par la dimension, par un soutien majoritaire très important de certaines collectivités et puis, d’un coup, l’abandon par les collectivités de leur responsabilités en tant qu’actionnaire majoritaire. Ce que l’on a craint est arrivé, malgré les efforts extraordinaires du PDG Emmanuel Schwartzenberg, dont j’ai admiré le souci de sauvegarder cette chaîne. Mais en l’absence de règlement de la question de la dette ancienne, et cela échappait aux capacités de la direction, on ne pouvait pas s’en sortir.

Nicolas About, membre du CSA, chargé des télévisions locales

Nicolas About, membre du CSA, chargé des télévisions locales

Faut-il obligatoirement adosser une télé locale aux collectivités territoriales et à l’argent public ?

Cela dépend de ce que l’on veut faire. Il y a des télés locales hertziennes qui fonctionnent sans argent public comme « Grand Lille TV ». Si une télévision est l’expression d’une volonté politique, la collectivité locale peut monter son projet, le gérer en régie directe ou le confier à une société tiers. Il me paraît plus sage de la confier à un tiers pour un pourcentage de son activité : si la télévision diffuse 4 heures de programme par jour qui met en valeur la collectivité territoriale, il faut qu’un sixième du financement viennent de cette collectivité ! La loi le permet, l’Europe aussi. Rennes 35, Télé Bretagne Ouest (TéBéO) ou WEO sont des chaînes financées de manière importante par les collectivités et qui y trouvent leur compte. Il n’y a pas un modèle économique. Il y a des modèles différents en fonction de ce que l’on veut faire.

Il n’y a pas un mais des modèles économiques pour les télés locales »

Disons que la télé locale idéale, c’est celle qui a une couverture supérieur à un million d’habitants, avec un bassin économique solide, mais il ne faut pas devenir délirant et vouloir couvrir toutes les nouvelles grandes régions qui vont naître : est-ce que Nîmes ressemble à Toulouse ? Il faut des grandes zones sans perdre son âme à une télé loco-régionale. Cette télé doit obtenir des moyens publics, aux alentours de 50 % de budget, à travers des Contrats d’Objectifs et de Moyens (COM) pluriannuels. J’insiste là-dessus : des engagements au minima sur 3 ans, au maximum sur 5 ans, comme le prévoit la loi car c’est un gage de stabilité. Et puis cette télé locale idéale, ne l’oublions pas, peut reprendre sur 50 % de son temps d’antenne maximum, reprendre des programmes issus d’autres chaînes non-hertziennes ou de chaînes non-diffusées sur la zone. A mon sens, le pouvoir est à l’imagination dans le développement futur des télés locale ou régionales.

La piste d’un rapprochement entre TLT et France 3 Midi-Pyrénées avait été envisagée. Cela ne s’est pas fait, mais peut-il selon vous y avoir synergie entre les régions de France Télévisions et des chaînes locales ?

Il faudrait déjà savoir ce que souhaite France Télévisions pour France 3 Régions. C’est la première des questions. Pour l’instant, j’aimerai bien connaître le devenir clair de France 3 Régions. Si on veut parler d’échanges ou de coproductions entre des télés locales et France 3, ça s’est déjà fait dans le passé, il y a eu des exemples qui ne sont pas liés aux structures mais aux hommes et aux femmes. Quand ils ont su s’entendre, ils ont réussi des coups. Mais ce n’étaient que des coups.

Je suis prêt à contribuer à un rapprochement entre les télés locales et France 3 en régions »

Il faut d’abord savoir ce que France 3 veut faire, comment la chaîne va évoluer, et on pourra peut-être avoir un rapprochement avec des télés locales, je suis prêt à y contribuer pour ma part en regroupant les acteurs. Mais ce n’est pas simple. Toutes les tentatives jusqu’ici ont échoué, les uns ne voulant pas voir les autres se développer et inversement.

J’espère lancer l’appel d’offres pour la fréquence de Toulouse avant Noël »

En disparaissant TLT libère un bien précieux, sa fréquence hertzienne sur Toulouse. Que va-t-il se passer maintenant ?

A la rentrée de septembre, je proposerai au collège du CSA de lancer une consultation de tous les acteurs locaux et nationaux sur le devenir de la fréquence libre sur Toulouse. A la suite de cette consultation, si nous pensons qu’il y a une possibilité d’avoir un projet viable économiquement, soit totalement privé soit privé-public, soit pourquoi pas totalement public, même si ma préférence va à un projet mixte voire totalement privé, j’espère pouvoir lancer un appel d’offres avant Noël pour permettre de relancer une télé locale sur Toulouse avant l’été 2016. Avec le soutien partiel des collectivités territoriales, tant au niveau de l’actionnariat que des Contrats d’Objectifs et de Moyens, avec un investissement privé suffisamment solide en s’appuyant sur une publicité locale. On pourra alors lancer ce projet d’une télévision locale ou régionale digne de ce nom. 

Il faut que ce soit une télévision locale ou bien un programme national avec un décrochage local de quelques heures par jour ?

Faire une heure quotidienne et un journal télévisé digne de ce nom ça coûte très cher et la preuve vient d’être faite que les collectivités n’étaient pas prêtes à poursuivre le financement. Il faut avoir assez de solidité économique pour développer une chaîne thématique et garantir qu’un temps important et aux heures de grande écoute soit réservé à l’expression de ce thème sur la zone où la télévision est autorisée. Il faut qu’aux heures de grande écoute ce soit Toulouse, la Haute-Garonne et les départements limitrophes qui soient systématiquement mis en avant, par exemple de 18 heures à 23 heures ou le matin entre 7 heures et 10 heures, mais rien n’empêche le reste du temps d’avoir un partenariat avec un réseau national. 

Propos recueillis par Fabrice Valéry.



08/07/2015
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